Pérou





26 Mai: Le bus Inka Express: de Puno à Cusco

Ce matin, nous prenons le bus pour Cuzco: un taxi nous conduit à la gare routière à 7:00 et nous embarquons dans le bus "InkaExpress". Il s'agit d'un bus touristique qui s'arrête à plusieurs site en route pour rendre ce voyage de 10 heures en tout plus agréable. Notre premier arrêt est à Pukara où nous visitons un musée pour en savoir plus sur la civilisation pré-inca locale et sur la culture inca. Le guide a des explications très claires sur les sculptures présentées, provenant d'un site à proximité. Nous faisons ensuite un deuxième arrêt au col de La Raya, à 4335 m d'altitude. I l y a le cortège habituel de locaux vendant leur artisanat, dont des tapis en peau d'Alpaga qui ont l'air d'être tellement confortables... Hélas, c'est un peu gros comme souvenir !

Après La Raya, le paysage change de façon assez nette: on voit beaucoup plus de vert, et l'agriculture parait moins miséreuse. Le prochain arrêt est pour le buffet de déjeuner, avec deux musiciens pour accompagner nos agapes au son de l'i névitable "El Condor Pasa" et  de "Guantanamera". Nous roulons ensuite jusqu'au site inca de Raqchi: il s'agit d'une cité entourée d'un mur de protection. Les restes sont intéressants, en particulier ceux du temple et des remises à grain, bâties sur un plan circulaire. Notre dernier arrêt est à la superbe église d' Andahuaylillas,  surnommée aussi la Sixtine d'Amérique Latine. Bâtie en 1572, son intérieur est un mélange de décorations jésuites et franciscaines, les peintures recouvrant presque entièrement les murs et le plafond, dans une débauche d'or et d'argent. Parmi les détails interessant, il faut noter les références à la culture inca -donc profane- dans l'art sacré... petit clin d'oeil des artistes de jadis ! En particulier, la croix andine apparaît à demi dissimulée dans les tableaux. Les miroirs (référence au culte de l'eau des incas) font leur apparition sur les maîtres hotels et les retables. C'est une petite revanche sur la brutalité de l'écrasement de la culture inca par les conquistadores qui détruisirent systématiquement les temples incas pour batir leur églises sur leurs sites en utilisant leurs pierres.

Nous rejoignons notre hôtel "Los Portales" vers 6 heures. Ce mode de voyage est finalement bien agréable, on ne perd pas son temps tout en arrivant à destination !

La Raya Gaelle et Sophie s'essayant aux instruments péruviens Le temple  inca à  Raqchi

27 Mai: Cuzco

Nous pouvons prendre un peu le temps ce matin avant d'attaquer la visite de la vile de Cuzco. Heureusement, nous n'avons pas prévu de prendre le train pour  Machu Picchu aujourd'hui, car il y a une grève. Tiens ça nous rappelle un peu la France ! Nous faisons l'achat -fort cher- du billet touristique, donnant accès à 16 sites en ville et dans la vallée sacrée et nous nous dirigeons vers la Place d'Armes. La cathédrale et l'église de la Compania ne sont pas encore ouvertes, alors nous partons explorer les ruelles de la vieille ville, flanant le long des anciens murs incas très reconnaissables à leurs énormes pierres (jusqu'à 70 tonnes !) ajustées de façon quasiment miraculeuse. Pas besoin de ciment, on n'arrive pas à passer une aiguille dans les joints !

Nous sommes très déçus de notre "billet touristique" car il ne couvre pas -loin s'en faut- la totalité des sites majeurs. Il faut donc rajouter à l'ardoise - déjà salée- pour visiter la cathédrale. Mais la visite en vaut le coup: l'édifice est impressionant par sa taille (3 basiliques accolées en fait) et par sa décoration. Le tableau de la cène, avec du cobaye au menu (une friandise andine) vaut à lui seul le déplacement ! Gaelle est toute fière car elle a eu droit aussi à un audioguide, alors qu'ils ne sont en principe pas distribués aux enfants de moins de 13 ans...  En sortant de la cathédrale, les enfants sont affamés et nous rentrons dans le premier Mac Do que nous voyons depuis que nous avons quitté l'Australie. Un hamburger, c'est quand même pas désagréable de temps en temps, et pour une fois, je ne soirs pas de table en ayant mal au ventre... Il est vrai que la nourriture péruvienne ne me convient que moyennement... Dehors, sur la place d'Armes, la manifestation bat son plein, dans une ambiance très colorée .

Nous prenons ensuite un taxi pour lle site de Saqsaywaman, à quelques kilomètres de Cusco, pour voir les restes d'une forteresse cyclopéenne. Les triples remparts sont construits en pierre de dimensions invraisemblables, ajustées avec une précision millimétrique. C'est ahurissant ! Malgré cette qualité de construction, les conquistadores ont réussi à pas mal endommager ce qui avait bravé les tremblements de terre ... Ca n'a pas dû être facile !

En face de la forteresse, se dresse une petite colline parsemée des ruines et de tunnels (merci les frontales !) que nous avons du mal à interpréter. La roche de la colline est polie par les anciens glaciers, au point que l'on peut y faire du toboggan dessus ! On ne s'en prive bien sûr pas !

Nous marchons encore un petit kilomètre ou deux pour rejoindre le site suivant, Q'enqo. Il s'agit d'un sanctuaire avec un monolithe ayant jadis représenté un jaguar, des tunnels utilisés pour les sacrifices. Après une visite bien agréable, et comme les taxis en ce jour de grève sont plutôt rares, nous redescendons à pied vers la ville, à travers prés, forêts et faubours de la ville. Nous nous rendons ensuite au musée  Qorikancha, qui est malheureusement fermé à cause des grèves. Nous passons alors un bon petit moment sur la jolie pelouse sous la somptueuse silhouette du couvent et de l'église Santo Domingo construits sur l'ancien temple inca Qorikancha .

Nous avions prévus d'aller au centre d'arts natifs de Qosqo en soirée pour assister à un spectacle de danse, mais la réceptioniste de l'hotel me confirme que la représentation de ce soir n'aura pas lieu à cause de la grêve. Nous apprendrons par la suite que le spectacle a bien eu lieu.... il y a vraiment un problème de communication dans ce pays !

Nous nous rendons alors à la place d'Armes à la nuit tombée (vraiment très jolie sous son éclairage nocturne) et dînons dans un petit restau à proximité. Le dîner sera agrémenté d'une longue coupure d'électricité ce qui nous permet de finir le repas aux chandelles !

Restes de murs Inca dans la ville La forteresse de Saqsaywaman Les glaciers ont laissé de jolis toboggans  !
Une tradition cusquénienne, les petits taureaux sur les toits ! Le couvent et l'église Santo Domingo sur les ruines du temple du soleil, celui que Hergé avait situé dans la montagne... La cathédrale dans son habit de lumière

28 Mai: La vallée sacrée

Nous quittons Cuzco pour trois jours, dont le premier sera occupé par une excursion guidée dans la vallée sacrée. Nous partons en bus à 8:10 et notre premier arrêt est pour un joli point de vue sur cette célèbre vallée qui mène au Machu Picchu et où coule l'Urubamba. En remontant dans le bus, plus par habitude de motoriste qu'autre chose, je note que  le pneu avant droit du bus est tellement usé que l'on voit la toile et les fils d'aciers sortent par endroits ! Pourtant, les routes que nous empruntons sont vraiment les dernières où on a envie d'éclater un pneu en virage: peu ou pas de protections et des précipices vertigineux de plusieurs centaines de mètres... Je fais part de  mes observations au guide qui me renvoit vers le chauffeur qui quant à lui minimise la situation... je lui explique donc gentiement sans encore faire un scandale, que s'il ne veut pas être considéré comme un criminel, il ferait mieux d'envisager de changer la roue dès notre prochain arret. Il prend l'avertissement au sérieux, et nous avons même droit à une halte supplémentaire pour visiter le marché de Pisac tandis que le chauffeur installe la roue de secours ! Nous reprenons ensuite la route pour la visite du site archéologique de Pisac. Au dessus de très belles terrasses à vocation agriculturale, se trouve un village pré-inca avec son canal d'irigation encore opérationel (moyennat un tube en PVC tout de même), ses maisons, un mur inca rajouté . Du bout du promontoir, et après avoir traversé un tunnel taillé dans le roc, la vue sur la vallée est superbe.

Le prochain arrêt est pour le déjeuner-buffet à Urubamba. Nous avons droit à un très joli restaurant dans un ancien monastère, avec des mets très agréables, sur une terrasse ensoleillée avec vue sur les montagnes environnantes, le tout bercé par l'immanquable "El Condor Pasa"...

Nous roulons ensuite vers Ollantaytambo. La petite ville est tout entière un site Inca, car le plan de la ville (la dernière dans la vallée sacrée avant Aguas Calientes et le Machu Picchu) n'a pas été modifié depuis la conquête espagnole. Au dessus de la petite ville se trouvent d'impressionantes terrasses à but agricole et un temple. La qualité de la maçonerie est une fois de plus hallucinante.

En repartant, nous prenons congé de notre groupe qui rentre sur Cuzco car nous allons passer la nuit à Urubamba dans un hôtel récent et très tranquille, le "Amaru Valle". Nous négocions et réservons un taxi pour notre excursion de demain. Après avoir déposé nos affaires à l'hôtel, nous partons à pied visiter un site proche, le palais de Huaynacapac, puis une pizzeria sympa. Nous retournons à l'hôtel en tuk-tuk, ce qui bien évidemment nous rappelle notre passage en Thailande, avec les polaires en plus tout de même...!

Gaelle au marché de Pisac Les belles terrasses à Pisac Les pepettes devant la vallée sacrée

29 Mai: Moray, Las Salinas et Aguas Calientes

Las des excursions en groupe, nous partons ce matin avec notre taxi réservé hier, vers 2 sites en marge des circuits touristiques classiques. Le premier, Moray au dessus du village paumé de Maras est assez exceptionel: il s'agit de 3 "cratères" dont les pentes internes et le fond sont occupés par des terrasses incas réalisées en cercles concentriques pour l'agriculture "expérimentale". La dimension esthetique est indéniable, et en descendant au fond du plus grand des cratères, l'intérêt pour les cultures est évident: il doit y faire au moins 5 degrés de plus qu'en haut et on ne ressent plus du tout le vent ! En revanche, nous n'en saurons pas plus sur l'origine de ces 3 cratères: volcans, météorites ou autre ???

Notre deuxième site est "Las Salinas", après une brève halte pour observer de l'extérieur la grande église coloniale de Maras. Au fond d'une vallée en dessous de Maras sort une petite source à l'eau très chargée en sel. Cette source est exploitée depuis les incas pour la production de sel: La technique utilisée consiste à répartir l'eau dans une multitude de petits  bassins (environ 5 m x 3 m) dans lesquels l'eau s'évapore, laissant le précieux sel prêt à être ramassé et expédié à dos de mule: on dénombre en tout plus de 4000 bassins aménagés dans la roche ou l'argile du flanc Nord de la vallée, face au soleil. Cette exploitation est toujours en activité, avec des gestes qui n'ont probablement pas varié depuis 600 ou 700 ans ! Nous parcourons les salines en longeant le canal principal d'amenée de l'eau vers les bassins. C'est très étonant et très joli à la fois. Nous retrouvons notre taxi au bas de la vallée au terme d'une très chouette ballade.  

Retour au village pour déjeuner dans un petit restau, passage à l'hôtel pour récupérer nos bagages, puis direction la gare routière pour prendre un collectivo (sorte de minibus qui ne part que quand il est plein à craquer) en direction de Ollantaytambo. C'est le transport couleur locale, à prix local également: 1,20 Sol, soit 30 centimes d'euro pour parcourir environ 30 km... Nous passons ensuite d'un extrême à l'autre car nous prenons le train pour Aguas Calientes. En effet, il n' y a pas de route au delà d'Ollantaytambo pour aller verrs Aguas Calientes et le Machu Picchu. Le train a donc le monopole du transport des touristes vers le monument le plus visité d'amérique latine, il s'octroie donc le titre de chemin de fer le plus cher du monde au kilomètre ! Le voyage d'une trentaine de kilomètres au plus dure 1 heure et demie, la plupart du temps à l'arrêt pour croiser les trains dans l'autre sens car il n'y a qu'une seule voie !

Nous arrivons à Aguas Calientes à la nuit tombée et prenons possession de notre chambre à 3 petits lits... il va falloir se serrer un peu !

Moray et ses terrasses circulaires Las Salinas - les bassins d'évaporation Gaelle devant la vallée de bassins de Las Salinas
Les employés des salines Le transport du sel vers la vallée Sophie avec son trophée, un gros morceau de sel

30 Mai: Machu Picchu

Comme recommandé, nous nous levons tôt (5:30...) pour la visite du célèbre site de Machu Picchu. C'est vraiment pas du repos ce tour du monde ! Nous prenons le bus à 6:30 pour gravir les 400 metres de dénivelé jusqu'à l'entrée du site. Et là, le spectacle nous saute aux yeux et aux tripes: les terrasses soutenant les bâtiments à vocation agriculturale en parfait état de conservation avec en toile de fond les majestueux pics environnants. Et ce n'est que le début ! Nous sommes tout excités de nous trouver dans cette endroit magique, avec toute la journée pour le découvrir sous un ciel immaculé. 

C'est pour nous ici encore un ancien rève qui se réalise: voir de nos propres yeux la cité inca perdue pendant 4 siècles et demi, jamais découverte par les espagnols et ce fait n'ayant pas subi les outrages des conquistadores voulant effacer la culture indigène par la destruction systématique. Tout est tel que laissé par les incas dans leur départ hatif et dont la raison nous échappe pour toujours...

Nous nous rendons immédiatement à l'extrémité du site, pour grimper le Wayna Picchu, la montagne surplombant le site. Seulement 400 personnes par jour sont autorisées à en faire l'ascension pour avoir le privilège d'avoir une vue quasiment aérienne sur le site dans son environnement. Malheureusement, la grimpette n'ouvre qu'à 7:00 et lorsque nous arrivons il y a déja beaucoup de monde qui attend. Nous poireautons presque 1 heure tandis que le soleil se lève majestueusement sur le Machu Picchu. La montée nous prend une heure d'efforts: la grimpette est rude, mais les filles dopées par l'envie de voir le spectacle marchent comme des bonnes grimpeuses du Jura qu'elles sont, doublant même de nombreuses personnes ! La vue depuis le sommet est effectivement spectaculaire, mais nous avons hâte à présent d'aller explorer tous les  détails estompés par la disance.

La descente nous prend une demi-heure et nous attaquons la visite proprement dite par le point le plus haut du site: la maison du gardien. Il nous apparait alors que c'est bien d'ici que la vue est la plus agréable sur le site! Nous ne regrettons pas d'être monté au Wayna Picchu, mais il va falloir gérer la fatigue des petites troupes maintenant ! Heureusement, comme on nous l'avait conseillé, nous n'avons pas respecté l'interdiction absurde d'emporter de l'eau et de la nourriture sur le site, dans le seul but de permettre au bar à l'entrée du site de vendre ses denrées à 15 fois le prix normal (vérifié !). Nous sortons donc tranquilement nos sandwichs du sac et faisons la pause de midi avec une bonne heure d'avance et reposons toutes les petites jambes avec une vue de toute beauté sur la cité inca. Il faut dire que le petit déjeuner pris à 6:00 est déjà bien loin !

Les forces reconstituées, nous négocions avec un guide anglophone pour se joindre à son groupe pour une somme ridicule en comparaison de ce qui est demandé à l'entrée du site. Ceci nous permet d'avoir d'interessantes explications dont notre guide papier (le Guide du Routard pour ne pas le nommer) est assez chiche, et d'obtenir des réponses aux multiples questions que nous nous posons ! Malgré tout, peu de choses sont connues avec certitude sur le mode de vie des incas, leurs techniques de construction. Il reste encore beaucoup de place à l'imagination et au rève et c'est tant mieux ! Nous restons 2 heures en compagnie de notre guide, puis son tour terminé, nous repartons à la découverte du site à notre rythme. Les filles partent lampe à la main dans la petite grotte sacrificielle sous le temple du condor à la recherche de quelque momie oubliée par l'inventeur du site Hiram Bingham...

Le site est tout bonnement magnifique et aucune photo ni film ne pourra jamais rendre l'impression d'immensité spatiale et temporaire de cet endroit magique. De plus, il n'y a pas l'affluence que nous redoutions... un des effets bénéfiques de la crise que nous ignorons superbement ? Nous quittons le site vers 15:30, les yeux pleins de merveille, et les jambes fourbues.

Heureusement, Aguas Calientes, la bien nommée possède les sources d'eau chaude dont nous avons précisément besoin...  une petite heure plus tard, nous flottons dans les vapeurs des piscines à 38 degrés, sous la protection bienveillante des jolis sommets environnants, jadis vénérés comme des dieux par les incas.  

Nous allons ensuite dîner à un restaurant dans la "rue" principale (il n'y a pas de voitures à Aguas Calientes), pas loin en dessous de l'entrée des bains thermaux. Le restau s'appelle Ti Raymi: évitez le avec soin... le patron attire le chaland en promettant que les enfants mangent gratis, puis au moment de l'addition se dédit, arguant que nous n'avions pas compris ce qu'il disait... Une petite escroquerie de plus dans cette ville qui semble s'être faite une spécialité de soutirer le plus de fric possible aux touristes qui de toute façon ne passent rarement plus d'une journée ici.... et ne reviendront probablement jamais.

Mais quelle journée... Nous nous couchons harassés, Sophie s'est endormie dans les bras de maman au restau !

Nous y voilà enfin: l'entrée du Machu Picchu! La vue quasiment aérienne du site depuis le Wayna Picchu La vue depuis la maison du gardien. A notre avis la plus belle perspective
Le pique nique sur les terrasses en compagnie des lamas Le temple du soleil La maison du gardien. Vu d'en bas tout est gris, mais depuis là haut tout est vert ! Effet magique des terrasses !

 


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